Parlons-en (3) – La marionnette Michel
Il y a maintenant une semaine, le samedi 8 décembre très exactement, la N-VA se retirait du gouvernement Michel. Retour sur un feuilleton qui est devenu depuis lors un véritable vaudeville.
L’orange bleue
On ne reviendra pas sur l’objet de la dispute, sur le Pacte migratoire. On sait en effet que sur cette question, les deux compères N-VA et MR poursuivaient des objectifs qui leur étaient propres. La première voulait refaire main basse sur cet électorat qui lui avait préféré le Vlaams Belang lors des élections communales et provinciales. Le second, mal en point également sur le plan électoral, tentait désespérément de démontrer qu’il n’était pas le jouet du parti nationaliste flamand.
Le résultat du départ de la N-VA est cependant là : le gouvernement tripartite – CD&V, Open VLD et MR – est maintenant très minoritaire, puisqu’il ne dispose que de l’appui de 52 parlementaires sur les cent cinquante que compte la Chambre, soit un peu plus d’un tiers.
Or, un gouvernement minoritaire, s’il veut durer encore un peu, n’a que deux voies possibles pour s’en sortir : soit élargir sa composition à d’autres partis, soit obtenir des majorités « à la carte » selon les sujets. Ou alors, il lui reste à démissionner et à organiser des élections.
C’est ici que l’aventure commence.
Le vaudeville
Logiquement, lors de la constitution d’un nouveau gouvernement, il est impératif de demander la confiance de la Chambre. Mais non, vous n’y êtes pas répondent en chœur Michel, Wouter Beke et Peeters. Ce n’est pas un nouveau gouvernement, c’est « la continuation de la suédoise sans les ministres N-VA ». Donc, nul besoin de solliciter la confiance !
Ce raisonnement est d’autant plus curieux que Michel a lui-même fixé trois priorités nouvelles pour son travail futur : le pouvoir d’achat, le climat et la sécurité. Lorsqu’on le pousse alors dans ses derniers retranchements, l’illustre premier ministre se contente de dire que si l’opposition, toutes tendances confondues, désapprouve son gouvernement nouvelle formule, alors il lui suffit de déposer une motion de méfiance.
La morale de cette histoire bien belge, c’est que Michel II craint comme la peste de donner la parole dès maintenant aux électeurs. Il voudrait donc à tout prix pouvoir « durer » jusqu’au 26 mai 2019, date des élections européennes et également régionales, et éviter ainsi des élections anticipées. Quitte à opérer un mini-coup d’État en refusant de présenter une nouvelle déclaration gouvernementale.
La N-VA à nouveau marionnettiste
Michel II veut tenir et gagner du temps. Il est donc prêt à chercher des appuis à gauche et à droite, au PS comme chez son ancien partenaire nationaliste.
Malheureusement pour lui, Bart De Wever vient de lui répondre par voie de presse qu’il était favorable à des élections anticipées, qu’on ne pouvait rendre le pays ingouvernable pendant des mois et que « le feuilleton du Parlement sur le vote de confiance devait s’arrêter ».
L’ancien vice-premier ministre N-VA, Jan Jambon, a été plus clair encore. Il a poussé la cruauté jusqu’à déclarer : « Si Charles Michel veut le soutien de la N-VA, il sera notre marionnette ».
Il est vrai qu’en matière de marionnettes, il en connaît un brin Michel, lui qui a été pendant quatre longues années la créature de la N-VA !
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