Parlons-en (6) – L’épargne-pension, une arnaque coûteuse
Il existe, en Belgique, trois piliers du système des pensions : la pension légale, l’assurance groupe ou pension complémentaire et enfin, l’épargne individuelle, mieux connue sous le nom d’épargne-pension. Examinons ce troisième pilier d’un peu plus près.
Comment fonctionne l’épargne-pension ?
Les pensions légales sont basées sur la règle de la répartition : les personnes aujourd’hui actives cotisent pour financer le paiement à la retraite. A l’opposé, l’épargne-pension est fondée sur le système de la capitalisation boursière. Cela signifie que les sommes que vous épargnez lorsque vous êtes actifs sont placées en bourse et gérées par des organismes tels que les fonds de pension ou les compagnies d’assurance.
Surtout les sommes en question sont capitalisées, ce qui signifie que les rendements d’une année sont ajoutés au capital existant et que le tout est réinvesti en bourse. Une question cependant : dans quel produit financier un fonds de pension ou une société d’assurance peut-elle investir l’argent qu’elle a recueilli ? De ce point de vue, l’article 145 du code des impôts fixe quelques balises :
• 75% des actifs peuvent, au maximum, être placés en créances, soit essentiellement des obligations et des prêts hypothécaires ;
• un maximum de 75% peut être investi dans des actions ;
• enfin, 80% des actifs doivent obligatoirement être libellés dans une des monnaies européennes, essentiellement l’euro bien sûr.
Et maintenant les problèmes !
Tout produit financier présente des risques : ainsi, si vous possédez des actions dans une entreprise et que celle-ci vient à faire faillite, vous perdrez tout. Cela étant, certains produits sont plus risqués que d’autres et de ce fait, offrent aussi un rendement en principe plus élevé. Pour prendre un exemple, un fond dit « défensif » qui investit en obligations rapportera moins qu’un fond « dynamique » qui choisit d’acquérir des actions.
Cependant, quelle que soit leur nature, les fonds, qui ne sont pas, loin s’en faut, des œuvres philanthropiques, prélèvent des frais d’entrée et de gestion, frais qui sont variables, mais loin d’être négligeables. Ces frais viennent en déduction du rendement du placement réalisé.
Surtout, le rendement net de ces frais est fonction des hauts et des bas de la bourse. C’est ici que les problèmes surgissent. Comme le tableau ci-dessous l’indique, tous les fonds ont fait la culbute en 2018 suite aux mauvaises performances boursières. Ainsi, la baisse du rendement moyen a été de 9,05% en 2018. Ces mêmes rendements calculés sur cinq ans n’ont, eux non plus, rien de mirobolants : de l’ordre de 2 ou 3%.
Au secours de la Bourse
L’État subventionne l’épargne-pension via des réductions d’impôt. L’origine de cette pratique remonte à 1982, aux lois Cooreman-De Clercq. L’objectif était alors tout simplement de pousser le citoyen lambda à investir en bourse. Comment ? Eh ! bien, en exonérant d’impôt les sommes investies dans des actions belges pour un montant maximum de 40.000 francs – c’était avant l’euro.
Ces lois ont été revues en 1988, cette fois en ciblant l’épargne-pension. L’idée de base était d’octroyer une remise d’impôt de 30% sur un montant maximum autorisé, qui est aujourd’hui de 960 euros. Résultat de toute l’opération : L’État casque pour que vous confiez votre (maigre) argent à tel ou tel fond qui le fera (un peu) fructifié en bourse, mais qui empochera au passage de confortables bénéfices !
N-VA et MR fâchés avec les math
Le défunt gouvernement NVA-MR avait voulu encore accentuer l’avantage fiscal en introduisant une nouvelle règlementation. Désormais, cet avantage est de 30% si le contribuable verse une prime inférieure ou égale à 960 euros ; il est de 25% si ce même contribuable débourse une somme comprise annuellement entre 960 et 1230 euros.
Les génies du gouvernement belgo-flamand ne se sont même pas aperçus qu’ils commettaient, ce faisant, une grossière erreur de calcul. Prenons un exemple pour le montrer et supposons que vous épargnez respectivement 960 et 1100 euros. Dans le premier cas, la réduction fiscale sera de 288 euros (30% de 960) et dans le second, de 275 euros (25% de 1100). Donc, votre avantage est moindre lorsque vous épargnez plus. Comprenne qui pourra.
Pour toutes ces raisons, fiscales et boursières, la meilleure solution serait d’utiliser les sommes dépensées par l’État pour renforcer le premier pilier et s’acheminer vers une pension légale décente pour toutes et tous. C’est la voie proposée par Wallonie Insoumise.
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