Parlons-en (7) – Proximus et les trois mousquetaires
C’est la grande lessive patronale chez Proximus. Près de 2000 agents (1900 pour être précis) vont se retrouver sur le carreau et comme son PDG, Dominique Leroy, l’indique, on ne peut « exclure des licenciements secs ». Mais qui dirige et gère réellement Proximus ?
Drôle d’entreprise publique
Jusqu’il y a peu, Proximus était régi par la loi de 1991. De ce fait, elle est une « entreprise publique autonome », plus précisément une Société Anonyme de droit public cotée en bourse. Ses actionnaires principaux sont l’État belge (58,51%) et le groupe américain Blackrock (4,31%).
Cependant, une évolution marquée est intervenue avec le gouvernement NVA-MR. En effet, le chantre flamand du libéralisme pur et dur, le ministre Alexander D€ Croo, a fait adopter le 8 décembre 2015, une nouvelle loi qui pousse encore un peu plus loin la privatisation de Proximus à trois points de vue au moins :
1. l’entreprise est maintenant définie par son environnement : elle est « principalement active dans un secteur ouvert à la concurrence » ;
2. l’État peut vendre ses participations et se retrouver actionnaire minoritaire;
3. les administrateurs ne sont plus nommés par le conseil des ministres, mais bien par l’assemblée générale des actionnaires.
Avec cette loi, Proximus devient l’équivalent d’une société privée ou peu s’en faut. Pour autant, les « influences » politiques, dans le pire sens du terme, n’ont pas disparu.
Un Conseil d’administration très politique
L’actuel Conseil d’Administration (CA) compte trois mousquetaires politiques qui, comme dans le roman de Dumas, sont en fait quatre : Laurent Levaux (MR), Stefaan De Clerck (CD&V), Martine Durez (PS), et Karel De Gucht (Open VLD).
Le premier d’entre eux, Levaux, n’a pas fait de carrière politique directe. Il est administrateur de Bpost, Hamon, FN-Herstal et Circuit de Francorchamps en plus de Proximus bien sûr. Ses amis MR du gouvernement wallon viennent de le bombarder président de la Sogepa.
Stefaan De Clerck est le président – pas moins ! – du CA de Proximus. C’est un vrai pur-sang politique, puisqu’il a été ministre de la justice, bourgmestre de Courtrai pendant 12 ans et président du CD&V. Le parti chrétien flamand sait récompenser ses anciens présidents !
Martine Durez a commencé sa carrière en tant que professeur à l’université de Mons, avant de devenir chef de cabinet adjoint de Di Rupo d’abord à la communauté française, puis au gouvernement fédéral. C’est elle qui s’est occupée du dossier de privatisation de Belgacom. Bref, c’est une « dirupienne » pur jus.
La palme à De Gucht
Karel De Gucht était un des hommes forts de l’Open VLD flamand. Il faisait partie des « baby Thatcher ». Il a été successivement Ministre des Affaires étrangères, Vice-premier ministre et Commissaire européen entre 2009-2010, puis à nouveau entre 2010 et 2014.
La particularité de De Gucht est qu’il est suspecté de fraude fiscale pour deux motifs :
1. il y aurait eu fraude lors de l’acquisition d’une villa d’une valeur de cinq millions d’euros en Toscane ;
2. le même individu a réalisé en 2005 un bénéfice de de 1,2 million d’euros suite à la vente d’actions ; il aurait « oublié » de le déclarer au fisc, de sorte que ce denier lui réclame un montant supplémentaire de 976.282,71 euros.
Le jugement sur cette affaire sera lu le 6 février 2019.
Encore un peu de patience donc…
Une incompétence crasse
Les mousquetaires sont d’une incompétence abyssale. Le MR Levaux croule sous les mandats d’administrateur et n’a évidemment guère de temps à consacrer à Proximus. L’ancien président du CD&V n’a pas la moindre compétence en matière de télécoms. Martine Durez, la femme de confiance de Di Rupo, n’a pas elle non plus, la moindre idée de ce qu’est le secteur des télécoms. Quant à De Gucht, il est certes un grand spécialiste de l’« optimisation fiscale ». Pour le reste, c’est le néant.
Ce sont ces gens-là qui veulent mettre dehors 2000 travailleurs de Proximus. Qu’on ne nous dise surtout pas que l’un ou l’autre sortirait du lot. Ils sont collectivement responsables. La PDG D. Leroy a d’ailleurs mangé le morceau. Elle a en effet précisé (L’Écho, 11/01/2019) que les décisions « avaient été approuvées à l’unanimité par le CA ». Y compris donc par la PS Martine Durez.
A bon entendeur salut !
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